par Brendan
Notre département se dépeuple. Une étude de l’INSEE fait état d’une baisse de la population de 0,7% par an. Une des raisons principales de cet exode est le départ des jeunes vers la France Hexagonale et l’Amérique du Nord en raison des meilleures perspectives de formation et d’emploi.
L’étude prévoit un vieillissement massif de la population. Plus de 30% d’entre elle aura plus de 65 ans en 2042 et plus de la moitié aura plus de 58 ans en 2070. Le département se retrouvera dans la situation ubuesque où il devra attirer du personnel qualifié pour s’occuper de ses seniors, le tout supporté massivement par les membres de la famille de la diaspora qui auront fait leur vie à des milliers de kilomètres.
Les responsables politiques se lamentent depuis des décennies de cette fuite des cerveaux et, même si des actions ont parfois été mises en place, force est de constater que les résultats ne sont pas ceux escomptés.
De nombreux jeunes guadeloupéen.e.s formé.e.s aux métiers du web ont essayé de revenir travailler o péyi avec plus ou moins de succès. A part pour celles et ceux qui ont des compétences extrêmement demandées, il est rare de pouvoir obtenir un télétravail à temps complet à des milliers de kilomètres du siège. Le marché local ne peut pas non plus absorber tout le vivier de talents aspirant à revenir à ses racines.
C’est là que le Web3 représente une nouvelle opportunité de repatriation.
L’un des piliers fondamental de ce nouvel écosystème est la décentralisation sur le modèle de la Blockchain (comme Bitcoin ou Ethereum) où toute transaction est validée par un réseau de nœuds distribués. Basé sur ce credo philosophique, la quasi totalité des postes, notamment de développement, sont en télétravail complet.
Et ces nouveaux métiers sont très bien payés. D’après Crypto Job List, le salaire moyen des salariés du Web3 est de 91 611 USD/an. La demande est en constante augmentation et les compétences encore rares.
Même si l’écosystème Web3 en est à ses balbutiements en Guadeloupe (mais on y travaille avec West Indies Blockchain Services) et qu’il reste compliqué à l’égard du Droit de travailler en France pour une entreprise étrangère, il vaut mieux que nos compatriotes employés par des entreprises basées hors du département, paient leurs impôts et contribuent à l’économie locale plutôt qu’à Bordeaux, Miami ou Montréal.
Indéniablement, l’archipel ne manque pas d’atouts pour attirer ces compétences au dela du climat et de ses richesses naturelles. Le premier réside dans les conditions matérielles nécessaires à une telle activité. Notre région rattrape son retard historique en termes d’infrastructures réseau avec le déploiement massif de la fibre optique depuis deux ans. Même s’il reste encore quelques zones blanches, il est également possible de rester connecté via les systèmes satelittaires haut débit à faible latence comme Starlink. Le déploiement du très haut débit permet aujourd’hui de développer ces nouveaux usages et surtout de se libérer des frontières.
Autre point important, la Guadeloupe profite d’un emplacement idéal pour développer l’activité Web3. Les pays de la Caraibe Orientale et d’Amérique Centrale sont très innovants en ce qui concerne les nouveaux services et usages basés sur la blockchain.
In fine, l’objectif de la blockchain étant de fluidifier les échanges internationaux qu’ils soient monétaire ou commerciaux, la Guadeloupe dispose d’un argument de poid notamment en s’appuyant sur une économie et une monnaie forte, propice à en faire un modèle de stabilité politique et économique dans la région à l’image de Singapour en Asie du Sud-Est.
Le contexte macro-économique est également favorable, les prix du pétrole, du gaz et du fioul domestique explosent, rendant économiquement pertinente la perspective de ne plus payer une facture de chauffage en rentrant aux Antilles.
N’oublions pas également que la France, bien que chef de file des acteurs de la réglementation européenne, a affiché, via Bruno LE MAIRE, ministre de l’Economie et des Finances, son ambition de devenir le hub européen des crypto-actifs et ainsi, son soutien à l’industrie de la Blockchain.
Il y a maintenant en Guadeloupe une véritable opportunité de développer des projets Web3, et que nos talents ne quittent plus l’archipel, voire même que celui-ci attire d’autres professionnels à la lumière de tous ses atouts (climat, qualité de vie, stabilité politique et économique, infrastuctures,…).
Voila pourquoi le Web3 est une formidable opportunité pour la Guadeloupe et pour tous les territoires pourvoyeurs de talents à l’étranger.
Investissons massivement dans la formation de nos jeunes dans ce nouvel écosystème, établissons un cadre juridique, fiscal et institutionnel incitatif et ils pourront travailler, consommer et contribuer au développement économique local, tout en profitant de notre belle île et de leurs proches.